La France : en marche vers la récession

Les tendances économiques se développant en France depuis la crise de 2008 ont reçu un important coup d’accélérateur dès l’installation au pouvoir suprême de la république en 2017 du parti d’Emmanuel Macron, dont le cadre de la politique intérieure et de la politique étrangère autodestructrice mène directement vers la récession économique dans laquelle la France est en train d’entrer à grand pas. La croissance du PIB à hauteur de 1,1% pour le premier semestre 2024 ne doit guère être surestimée et prise pour une constante. La non-modération de la joie serait une importante erreur d’appréciation, car son augmentation n’est grandement due qu’à la hausse des dépenses publiques qui ne fait que soutenir artificiellement le PIB du pays en creusant davantage la dette de l’état français. Le taux de chômage élevé de ce jour, la très faible croissance du PIB et la dette publique exorbitante pesant sur le présent et le futur de l’économie française ne sont que les constantes structurelles se développant en synchronie avec toute une série d’autres facteurs économiques résultant de la politique française irresponsable des dernières années et démontrant l’entrée prochaine de la France dans la récession économique.

La réindustrialisation ou la désindustrialisation ?

L’industrie du secteur des technologies avancées, est-elle salutaire ?

Certains économistes préconisent que la fuite du secteur énergivore de l’industrie hors UE n’est pas aussi grave qu’il paraît car, en ce qui concerne la part de l’industrie du secteur des technologies avancées, telles que technologies quantiques, de navigation, des biotechnologies et de la robotique, la position de l’UE et de la France est assez saine. Notamment, en 2022, 194 entreprises dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA) ont été créées dans l’UE contre 160 en Chine et la part du secteur des technologies avancées de l’Union Européenne représente dans les 20% du volume mondial : 22% dans les technologies quantiques, 20% dans la navigation, 18% dans les biotechnologies et 18% dans la robotique (données 2022). S’ils ont, d’une part, tout à fait raison de souligner le développement accru du secteur en question dans les pays de l’UE, ils négligent, toutefois, le facteur du poids financier actuel de ce dernier vis-à-vis de l’apport dans le PIB de l’UE et de la France en particulier. Et ce dernier reste relativement modeste par rapport à celui de l’industrie « traditionnelle » qui est en train de se désagréger sur le sol européen. D’autre part, il n’est pas à négliger que le développement du secteur des technologies avancées en France et en Europe, en général, se heurtera davantage dans un avenir très proche non seulement à la très importante concurrence américaine et chinoise déjà omniprésente, mais également à la forte croissance exponentielle de cette dernière de la part de la Chine qui affiche un grand dynamisme dans le domaine. Notamment, concernant les dépôts de brevets, tous secteurs confondus, en 2023 l’EU accuse une croissance de 2,9% contre 8,8% en Chine pour la même période. La force toute particulière de la France dans le domaine des technologies avancées se situe dans le secteur des transports/l’aéronautique, et, comme indiqué auparavant, c’est bien la production du matériel de transport qui s’est littéralement effondrée dans l’Hexagone – et ceci malgré la continuation de l’innovation suivie par un important dépôt de brevets dans le domaine.

Le déficit commercial français et les énergies

En ce qui concerne le déficit commercial français, ce dernier se maintient dans des sommets peu enviables : 85,9 milliards d’euros pour la période de mai 2023 à mai 2024, dont 8 milliards d’euros pour le seul mois de mai dernier. Les principales raisons structurelles de ce grave déficit sont un important déséquilibre du solde des échanges des biens manufacturés, dont la concurrentialité française est plombée par le très haut niveau des prix de l’énergie faisant exploser les coûts de production; la forte dépendance française aux énergies fossiles importées et, surtout, l’incapacité déconcertante du président Emmanuel Macron à mener une politique économique nationale et, surtout, une politique étrangère qui ne sera pas profondément irresponsable vis-à-vis des intérêts stratégiques de la France qui exigent l’atténuation des retombées désastreuses sur l’économie française par le maintien de relations politico-diplomatiques saines avec des pays-fournisseurs d’énergie. 

IDE en France : les illusions et la réalité

Si la France, dont les flux nets des investissements directs étrangers (IDE) ont atteint 72,7 milliards d’euros en 2022 et 39,1 milliards en 2023, reste depuis plusieurs années consécutives bien en tête des IDE sur le sol européen – ce résultat positif est à nuancer. Malgré les investissements étrangers assez impressionnants, il est important de ne pas négliger les facteurs qui s’y attachent et qui sont d’une importance stratégique. Notamment, les IDE qui ont lieu en France visent non pas la création de nouveaux emplois, de nouveaux projets de développement et la création de nouveaux sites, mais principalement l’extension des sites déjà existants. En 2021, les projets visant la création de nouveaux sites ne représentaient que 31%, contre 69% pour des sites déjà existants. Le nombre moyen d’emplois créés par projet étaient de 38. Ainsi, les résultats de l’attraction des investissements directs étrangers dans l’économie française qui sont présentés par l’actuel pouvoir en tant que très grand succès de sa politique sont bien à nuancer : la monnaie étrangère investie en France génère de 30 à 50% d’emplois en moins qu’en Allemagne ou en Grande-Bretagne, ce qui reflète nettement la réalité désastreuse de la politique française d’emploi.

Les défaillances d’entreprises

Plus de secret pour personne que dans la période du 06/2023 au 06/2024, la quasi-intégralité des pays de l’UE ont enregistré un nombre de défaillances d’entreprises supérieur à celui d’avant la pandémie du Covid. La France ne fait non seulement pas l’exception dans la tendance généralisée dans l’espace européen, mais avec 60.210 entreprises de toutes tailles confondues qui sont entrées en procédure de défaillances ou de cessation de paiement sur un an, en % détient même le “leadership” vis-à-vis de l’Allemagne et du Benelux au niveau des défaillances d’entreprises et ceci depuis le début de 2023. Pour les entreprises, les coûts dus à plusieurs éléments clés tels que le refinancement, les salaires et l’énergie sont nettement plus élevés qu’avant la période Covid – ce qui n’est guère le cas de la demande. Le grand manque de confiance des ménages dans l’avenir les fait privilégier l’épargne à la consommation, ce qui déclenche un cercle vicieux, dont la formule est simple : la baisse de la consommation augmente les faillites d’entreprises qui détruisent l’emploi et, de facto, baissent d’avantage la demande des ménages – ce qui, à son tour, impacte directement la croissance.

Oleg Nesterenko

Oleg Nesterenko

Post-scriptum

Les éléments énumérés dans ce dossier d’une manière non exhaustive et ne comprenant pas toute une série d’autres problèmes structurels graves de l’économie française, tels que le niveau des impôts et taxes le plus élevé au monde, le système fiscal le plus complexe au monde, la dette publique exorbitante qui connait la plus grande croissance au sein de l’UE et atteint 3.200 Mld €, le gigantesque déficit public qui se creuse davantage chaque année et atteint la hauteur de 154Mld € pour la seule année de 2023 après 124,9Mld € pour l’année de 2022 – ce sont les désastreuses conséquences structurelles produites par la politique nationale et étrangère néfaste menée par la gouvernance française et nécessitant un changement radical de son vecteur dans les plus brefs délais. Le cas échéant, la seule réalité que connaîtra la France sera celle de l’entrée inexorable de son économie dans une profonde récession.

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